jeudi 24 avril 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 2

Je connais XXX depuis une dizaine d’année. Suffisamment pour ne plus être choquée par ses extravagances.
XXX est plutôt grand, mais parait sensiblement plus petit parce qu’il se tient voûté. “J’ai grandi trop vite” lance-t-il, un sourire en guise d’excuse lorsqu’on le questionne sur le sujet. D’apparence banale, il cache de véritables trésors de talents qu’il répugne à dévoiler. Un masque d’humour vaseux au parfum d’auto dérision cache sa timidité tant bien que mal. Réaction typique de la personne qui tente de se protéger du monde extérieur, me semble-t-il.

Assez de psychologie, pour cerner le personnage il faut avoir un aperçu du chemin parcouru. Il reflète ainsi sa personnalité à merveille.

Après une adolescence difficile (mais n’est-elle pas difficile pour tous?) il rejoint la faculté. Sans conviction aucune, il choisit une matière parmi tant d’autres : le Droit. Loin de lui l’idée de porter la robe et de plaider devant des parterres d’experts en tout genre. Je pense – je sais – qu’il s’est orienté par dépit, ou tout au moins par manque d’idée. Peu inspiré par les possibilités qui s’offraient à lui, il a choisit la branche qui lui semblait la plus généraliste.

C’est là que je l’ai rencontré, à l’Université. Lors d’une séance de travaux dirigés, d’anglais si ma mémoire est bonne, XXX m’a timidement approché. Quelque chose dans son expression trahissait son intérêt.
Il était - et est toujours – plus jeune que moi d’un an.
Son expérience avec les filles s’était jusque là limité à des échanges de mots et lettres enflammées. Pourtant, le cercle d’amis de XXX était quasi exclusivement composé de jeunes filles, “mon harem” disait-il fièrement.

C’est aussi cette année là qu’il a rencontré son premier amour. En novembre aussi bien que je me souvienne. Je n’aimais pas beaucoup sa petite amie, parfois prétentieuse, souvent suffisante et surtout retranchée dans ses positions. Cependant la petite flamme qui s’allumait dans ses yeux lorsqu’il parlait d’elle me forçait au silence.
Puis ses études l’ont conduit à l’étranger où un nouveau monde s’est ouvert a lui. Bien plus coloré que celui sur lequel il avait bâti sa routine. Peut-être cela l’a-t-il aidé à ouvrir les yeux. Quoiqu’il en soit XXX a finit par se résigner à se séparer de sa petite amie. Je crois que je n’y suis pas complètement pour rien.

Ce que vous devez aussi savoir à propos de XXX c’est qu’il est de ceux qui tombent amoureux à tous les coins de rue. Rien à voir avec ces playboys de supermarché qui défient la gravité de leurs cheveux gominés et de leur arrogance olympienne. Pourtant ne pensez pas qu’il s’agisse là d’une qualité ; cela le rend immensément triste de temps à autres. A 26 ans il est toujours capable de ces chagrins d’amour dont seule l’adolescence à le secret.

Il me dit que cela l’aide à créer.

Peut-être.

Mais je suis sûre d’une chose, ce n’est pas les scénarios de ses films X qu’il écrit les yeux humides.


Colin VETTIER

mardi 22 avril 2008

La Circonférence de l'Amour - chapitre 1

“Ecrire une histoire d’amour ? Pourquoi pas… Jusqu’à maintenant je n’ai écrit que des scénarios pour des films pornos ! Ce n’est pas trop compliqué à écrire, il suffit de penser à quelque chose d’excitant. Tiens, regarde la nana qui s’éloigne là”, il fait un geste de la main vers une jeune fille qui s’éloigne. Il me regarde droit en souriant “elle a un joli cul. Il suffit de l’imaginer nue et en proie à une nymphomanie galopante qui la pousserait à arracher ses vêtements devant tout… devant tout être un tant soit peu viril.
Ca me parait peut probable
Le public s’en fout. Il paye pour voir des chattes, des bites et des nichons, pas pour s’interroger sur les explications psychologiques qui pousseraient une jeune fille de 25 ans à se dénuder aussi facilement. Comme on s’en fout, on ne le filme pas” Il s’arrête un instant pour boire une gorgée de son café, “Et puis tu sais les acteurs pornos, ce ne sont pas vraiment des acteurs, plutôt des athlètes. On ne peut pas leur demander de bander dix heures par jour et en plus de jouer la comédie. Ca demande de la concentration de maintenir une érection, beaucoup de concentration… »

Il laisse planer ses mots, comme pour en évaluer l’impact. Pas de doute, il s’attend à quelque chose.

Rien ne se passe.

Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Ce n’est pas plus confortable, les lattes de bois me compressent la colonne vertébrale. Je reviens à ma position initiale, les deux coudes sur la table, légèrement voûtée. Je me décide à rompre le silence:
« Tu sais, arrive un moment où il faut se renouveler. Tu ne peux pas faire du cul toute ta vie.
Pourquoi pas ? Tu sais il y aura toujours des clients pour ce genre de produits. Des centaines de millions même, prêts à acheter n’importe quoi, du moment que ça les excite.
Tu n’aimerais pas essayer de les exciter différemment ? Je pense honnêtement que tu devrais songer à cette histoire d’amour. Tu as des talents d’écriture, de l’imagination… »

Mon ami pornocrate semble plongé dans ses pensées. Il sourit. C’est bon signe, il a reçu le message et doit être en train de passer en revue diverses idées.

« Une histoire d’amour, ça me semble vraiment intéressant. C’est un peu l’autre côté du miroir pour moi. L’exact opposé du porno, pourtant si proche.”

Connaissant mon ami, je lui propose mon aide. De simples relectures du synopsis qu’il m’apportera, tout simplement pour garder un œil sur son évolution. Ainsi que par curiosité – c’est probablement ma plus grande faiblesse.
Il accepte mon aide avec joie, me dit qu’il a déjà sa petite idée sur la chose. Demain, un script d’une page sur mon bureau. Dans le porno, il est indispensable de réfléchir très vite. Quand les blancs retombent, il est souvent impossible de les faire remonter en neige.


Colin VETTIER

La Circonférence de l'Amour - abandon

Bonjour à toutes et à tous,
Très chère lectrice, estimé lecteur, bienvenu sur le Blog de La Circonférence de l'Amour.


Dans les prochaine semaine, je publierais de manière hebdomadaire, un chapitre de mon manuscrit La Circonférence de l'Amour. Pourquoi ? Parce qu'un autre auteur a eu exactement la même idée. Son livre étant construit comme je voulais que le mien le soit, j'abandonne le projet d'écriture, au bout d'une vingtaine de chapitres, et autant de pages.

Cet ouvrage, que j'aurais aimé être un livre, je l'ai commencé au cours de l'été 2006. A New York ; probablement inspiré par l'effervescence de la ville, et la gentillesse des gens que j'y ai côtoyé.
Je profite de l'opportunité pour inclure la dédicace qui précède inlassablement tout roman.

A Nina, Lisa et Charlotte.
A Hélène pour l’inspiration involontaire.
A Laure pour la pâte à tartiner goût noisette.
A Adélaïde pour m’avoir ouvert les yeux sur mes obsessions.
A Claire, meilleur voisine et alter ego à distance.

Cette courte rubrique incluait alors une dernière dédicace. Pourtant je ne sais pas si elle est encore d'actualité.

A la femme de ma vie que je n’ai pas encore rencontré.

Les publications débuteront dès la fin de semaine prochaine sur mon blog PANIK ATTAK.


Colin VETTIER