jeudi 30 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 20-1

Petite introduction : ce vingtième chapitre, qui sera coupé en 2 ou 3 parties, raconte une soirée que j'ai personnellement vécue. Certains et certaine peuvent en témoigner. Sur ce, bonne lecture.

Il est 20 heures quand XXX s’en va. Ma vessie semble sur le point d’exploser tant nous avons éclusé de thé.
Il me reste une heure environ avant que François et Christophe ne viennent me chercher. Une bonne douche, quelques traits de crayons, et je serais en état de sortir. Peut-être que je rencontrerais un bel homme ce soir. Comme il faut toujours être prêt à faire face a l’adversité, et à toute situation, j’attrape un sorti et son soutien gorge assorti. La robe noire me paraît de circonstance : son décolleté plongeant, sans être provocant s’avère généralement efficace.
Lorsque je sors de la douche, ma peau dégage une douce vapeur. Je me regarde dans le miroir. Je secoue la tête pour dégager les mèches de cheveux collées à mon visage. Est-ce que je suis si moche que je ne trouve pas de petit ami, même pas de partenaire de galipettes ? Quelques petites touches de couleurs et cela fera l’affaire pour ce soir.

21 heures, je ne suis pas encore prête que la sonnerie retenti déjà. Je manque de m’en enfoncer le crayon dans l’œil. Je vais ouvrir. Christophe entre dans l’appartement en lançant un « bonjour ! » plein d’enthousiasme.
Il s’arrête un instant dans sa lancée, me regarde de bas en haut avant de se fendre d’un immense sourire.
« Toi, ce soir tu ne veux pas rentrer seule. »
Je rougis.
« En tout cas tu es très belle comme ça. Ce serait du gâchis que tu ne trouves personne. »
Même si l’intention est louable, la phrase me met le nez plus profondément encore dans mon célibat. Si je suis jolie, gentille, pourquoi est-ce que je suis toujours célibataire ? Et pourquoi est-ce que ce sont toujours des hommes en couple qui me font ces compliments ?

Colin VETTIER

dimanche 26 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 19-2

Scène 9 : Intérieur – Chambre du Palace



J.-C. :
Silence !

Il frappe deux fois dans ses mains puis se tourne vers le chef op’ en lui faisant signe de la tête.

Chef op’ :
Ca tourne !

Le chef op’ enclenche un bouton poussoir sur la caméra et la cassette commence à se dévider.

J.-C. :
Et… Action !

Trois secondes plus tard, les acteurs entrent en mouvement.
Ron enlève sa ceinture d’un geste souple du poignet, puis baisse son pantalon, alors que Félicia s’agenouille devant lui. Le jeune homme laisse alors son sexe jaillir de son caleçon.

Félicia [interrogatrice, les yeux levé vers Ron] :
Tout ça pour moi ?

Elle prend le sexe dans sa bouche quelques instants. Elle laisse échapper la verge, provocant un « plop » mouillé.

Félicia [une lueur de malice dans le regard] :
Quel gros plaisir !

* * *

« Houlà. Tu comptes vraiment mettre ça dans un film qui est sensé être une histoire d’amour ? Je veux dire est-ce que ce n’est pas un peu trop ?
- Pourquoi donc ? L’amour c’est le sexe. Et l’utilisation d’une scène a caractère pornographique pour présenter le mal être de mon personnage me semble tout à fait à propos. Je ne serais pas le premier, ni le dernier à le faire. John Cameron Mitchell l’a fait et les critiques l’ont adoré ! Shortbus, ce n’est rien d’autre que de la pornographie grand public, avec pour toile de fond des questions existentielles sur la sexualité. »
Cette scène où Ron, en pleine orgie, ne peut détacher son regard de la jeune Emie m’a frappé. Du sexe explicite ? Pourquoi pas finalement. Le personnage principal d’XXX est tellement ambigu que cela ne ferait que renforcer son aspect marginal. Le voir crever de désir pour une personne qui assiste à ses ébats a quelque chose de superbement toxique. Une relation mort-née en laquelle l’on aimerait pourtant croire.
Tout le monde a envie de croire en l’amour. Les enfants on besoin de croire au père noël, les adultes en l’amour. C’est comme ça, c’est dans l’ordre des choses. Nous rêvons tous d’un princesse ou d’une princesse qui nous attendrait au coin d’une rue pour nous arracher à notre quotidien gluant. Pourtant, dans les faits, c’est rarement aussi simple.

Ses doigts ont attrapés un stylo, qu’ils triturent avec énergie. A quoi pense-t-il ?


Colin VETTIER
P.S. : Merci à Fanch' pour la photo.

mercredi 15 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 19-1

Nous arrivons chez moi aux environs de 15 heures.
Je remplis la bouilloire puis la pose sur son socle. Le bruissement de l'eau en l'ébullition ne se fait pas attendre. J'emporte deux tasses de thé fumantes au salon et en pose une devant XXX. Commence alors une (re)lecture du scénario.

* * *


Scène 8 : Intérieur – Chambre du Palace

J.-C. :
Bon, tout le monde est prêt à ce que je vois. On commence soft. Toi, le grand brun

Il fait un geste du pouce vers l’homme en question.

J.-C. :
– John, ouais, c'est ça – tu commence les préliminaires avec Julia. Vous faites le programme habituel, et ensuite Ron vous rejoint puis Félicia et on finit comme ça.
Des questions ?

Les acteurs se regardent les uns les autres en haussant les épaules.

J.-C. :
C'est bien ce que je pensais.

Il claque dans ses mains.

J.-C. : Allez, hop, à poil ! Tout le monde est passé au maquillage ? Bien, faites chauffer les caméras, échauffez vous, on commence dans dix minutes.

* * *


“Là tu vois, je verrais bien une série de gros plans sur la préparation en question. Une alternance entre les acteurs qui se préparent – gros plans sur des vêtements qui sont retirés, des préservatifs ouverts, des lubrifiants débouchés – et les techniciens qui apprêtent le matériel – des fils tendus, des prises branchés, des vérifications techniques. Le tout présenté de façon assez martiale. Peut-être même avec une bande originale dominée par des roulements de caisse claire. Qu'en penses-tu ?
- L'idée est sûrement très bonne, mais ce n'est pas le plus important pour l'instant. Pourquoi ne pas continuer le scénario, et voir cela plus tard ?

* * *



Colin VETTIER

mercredi 8 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 18-2

Sur le chemin du retour, quelques questions me brouillent l'esprit :
“Ça fait déjà quelques temps que je viens te chercher sur tes tournages, et je me suis habitué à voir des couples – parfois même des groupes – avoir des... mais là, je ne sais pas, j'étais comme attirée, aimantée. Je ne pouvais pas décoller mes yeux de leurs corps, comme si un instinct animal s'était emparé de moi. Tu me connais, je ne suis pas –
- Rien à voir avec un instinct animal, bien au contraire, c'est une réaction parfaitement humaine. Je dirais même civilisée. Ce n'est rien d'autre qu'un spectacle émouvant auquel tu viens d'assister. Pourquoi t'encombrer l'esprit de questions imbéciles ? Laissent les aux puritains et aux handicapés sentimentaux et sexuels. Profiter d'un spectacle qui plait n'a jamais fait de personne un criminel.
- Peut-être, mais il s'agissait de deux être humains en train de s'adonner à des plaisirs intimes.
- Non, à des plaisirs que la morale a décidée intimes. Les personnes généreuses partagent toutes les bonne choses, y compris leur sexualité.”
Il pose sa main sur mon épaule et s'adresse à moi d'une voix rassurante : “allons, t'en fait pas, si tout ceux qui apprécient ce spectacle étaient des désaxés, tout les adolescents seraient des psychopathes en puissances.” Une pause. “Tout les hommes aussi en fait.”


Colin VETTIER

P.S. : je profite de ce billet un peu plus court que la moyenne pour vous annoncer qu'il ne reste plus que cinq chapitres (dont un de taille conséquente, et un autre de 5 lignes) avant l'arrêt de l'écriture. Alors c'est le moment de faire tourner ce blog, de l'afficher partout, et de me dire combien vous avez aimé... ou pas.
P.P.S. : en ce qui concerne la photo, je la dédie à tout ces geek qui tombent par hasard sur mon blog.

dimanche 5 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 18-1

Aujourd’hui je me réveille avec le sourire, et parfaitement en forme.
Samedi. Je n’ai rien de particulier à faire. Pourquoi pas le marché ? Je regarde ma montre, il est 10h. J’ai juste le temps de me préparer pour faire les quelques courses qui me permettront de faire le dîner de ce soir. Probablement vais-je aussi acheter quelques pâtisseries pour le goûter. Ensuite j’irais chercher XXX.

« Le scénario avance plutôt bien » m’a-t-il dit au téléphone. « J’ai pas mal d’inspiration en ce moment. Et mon boulot m’en fourni pas mal. Par contre, du coup, je dors beaucoup moins » achève-t-il en riant.
Depuis toutes ces années que je le connais, XXX n’a jamais vraiment aimé dormir. Le sommeil était pour lui autant de temps qu’il ne passait pas à l’une de ces multiples activités. Qu’il s’agisse de l’écriture de scénario, de la rédaction de critiques de films ou de ses activités associatives, son emploi du temps était aussi chargé que celui d’un ministre. En fait, rien n’a changé, comme les journées n’ont que 24 heures pour lui aussi, il réduit son temps de sommeil pour faire tout ce qui lui tient à cœur.
La fatigue a put avoir quelques effets secondaires sur son comportement. Tantôt d’une humeur massacrante, tantôt au bord de la dépression, cela n’a pas été facile tous les jours. Et pourtant, il a réussit à atteindre ses objectifs ; je crois.

J'arrive sur le lieu de tournage avec trente minutes de retard. Tout est presque rangé.
Presque tout les acteurs viennent de quitter les lieux, la maquilleuse est allongée nue sur le canapé, l'un des acteurs collé contre elle, porte ses jambes sur ses épaules. Se dégagent quelques gémissements, et le bruit qu’émettent les tissus froissés par leurs efforts. Je les contemples quelques instant. Cela ne semble pas les déranger.
Une main se pose sur mon épaule, et une voix moqueuse lance : “si ça te fait tant envie, on peut les accompagner. Je ne crois pas que cela les dérangerai.”
Je me retourne, sachant pertinemment quel visage apparaîtra face au mien : celui de XXX fendu d'un large sourire, fier de sa boutade, comme toujours. “On y va, ou tu veux attendre la fin du spectacle ?”
Je rougis.
“D'accord je vois. On attend encore cinq minutes alors ? Le temps que je rassemble deux trois papiers, et on y va d'accord.” Il s'adresse au couple en plein ébat sur le sofa “ça vous dérange pas si mon amie regarde quelques instants.” Seuls quelques soupir et bruits humides font écho au son de sa voix. “C'est bien ce que je pensais. Te gêne pas, Hélène, si tu veux un siège pour être plus à ton aise, il y en a là.” Il montre la cuisine de son index puis se retire pour remuer des papiers dans une pièce adjacente.


Colin VETTIER