mardi 9 décembre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 21

Il est tard quand je pousse la porte de chez moi. Peut-être un peu trop.
Je m'arrête dans le couloir qui me sert d'entrée. Ouf ! Ce soir j'ai mis mes mocassins. Je les déchausse d'un mouvement expert du pied. Chose que je n'aurais pas pu faire avec mes bottines. Ces saloperies m'ont couté un bras, et tout ça pour quoi ? Pour que je passe un quart d'heure à les enfiler, et autant pour m'en défaire. Parfois plus, en fonction de l'épaisseur de mon sang.
Habituée à rentrer alcoolisée, je ne prend même pas la peine d'allumer la lumière. Je jette mon sac directement sur le canapé du salon. Au bruit amorti qu'il émet à son atterrissage, je déduis que pour une fois, je n'ai pas raté ma cible. La lampe qui trône à côté du canapé passera une nuit de plus.
J'entre dans ma chambre. Toujours dans la pénombre la plus complète, je me déshabille. Les premières couches s'affaissent au pied de mon lit. Je fini de m'éplucher en expédiant mon soutient-gorge dans la direction approximative de la chaise / porte-manteau. Le reste – et ce n'est pas grand chose – glisse le long de mes jambes pour s'écraser mollement sur le sol.
Le lit qui me tendait les draps, accueille mon corps nu d'un grincement de satisfaction. Je me fond en lui. La douce caresse du tissus sur ma peau nue m'apaise et me renvoi quelques années en arrière.
J'étais alors en licence. J'avais rejoins mon petit ami à une soirée Erasmus. Erasmus en langage étudiant ça veut dire destruction d'un endroit habitable par une tribu surnuméraire d'étudiants avec un peu de sang dans l'alcool. C'est aussi synonyme d'orgie alcoolique, et d'horrible gueule de bois. Cette soirée, je l'avais passée à explorer un champs lexical décliné en degrés d'alcoolémie. Les souvenirs que j'en ai sont légèrement diffus, noyés dans le vert d'une absinthe bon marché. Liquide qui avait eut raison de mon compagnon, forcé de quitter la fête sans demander son reste pour éviter d'être malade devant sa bien aimée. Je l'ai vu partir en courant. A condition que l'on considère comme courir, le fait de tituber rapidement de droite à gauche en tentant de filer droit.
Je l'ai donc regarder tanguer jusqu'à la porte de sortie. C'est avec quelques remords que je l'ai laissé filer. De toutes façons, j'aurais été bien en mal de le raccompagner, étant moi même dans un état lamentable. A peine avais-je mis un pied chez moi qu'il m'a fallu courir vers les toilettes. C'était la première fois que je vomissais d'avoir trop bu. Les spasmes qui secouèrent mon corps pour en expulser le poison verdâtre, je les sens encore.
Je ne lui ai avoué que quelques semaines plus tard que moi aussi j'avais été malade. Par fierté. Et pour préserver mon image de petite fille sage que je voyais reflétée dans ses yeux. En fait, il ne s'agissait pas vraiment d'une image. J'étais cette petite fille sage qui n'avait jamais goûté aux délices de la chair.


Colin VETTIER

jeudi 6 novembre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 20-3

Nous ressortons, un peu désœuvrés. Dehors de jeunes gens occupent bruyamment une terrasse improvisée. Selon toutes vraisemblance, le degré d’ébriété du groupe a atteint un stade avancé. Suffisamment pour leur tirer des beuglements incompréhensibles que ne couvrent pas les bruits de verres brisés et de mobilier malmené.
Le temps de réfléchir à une solution de replis, nous sommes assailli par un homme d’une bonne trentaine d’années. Non, plutôt quarante. Dynamique, plutôt classe et passablement saoul quoique largement clairvoyant. Après m'avoir mouché sous prétexte que je suis une femme, il s’adresse à Christophe : « Le XXIème siècle tu sais ce que c’est ? »
Conscient de l'état d'alcoolémie avancé de son interlocuteur, Christophe hésite :
« Heu, non mais je sens que tu vas me le dire.
- Parfaitement, le XXIème siècle c’est le siècle de la femme !
- Ah ? Comment ça ?
- Tu veux que je t’explique de quel point de vue ? »
Il ne fait aucun doute que l’énergumène attend que le mot magique soit lâché. Le mot qui lui permettra de déverser un flot de paroles passionnées. Ce sésame, c'est bien sûr « sexuellement ». Christophe tente d'éviter le sujet.
« D'un point de vue sociologique ? »
Sans succès.
« Ah, t’es sûr que tu préfère pas que je t’explique pourquoi le XXIème siècle sera celui de la femme, sexuellement ? »
Il sourit et acquiesce. Non pas que cela le gène de parler sexualité avec un parfait inconnu – j'ai souvenir d'avoir partagé quelques conversations particulièrement impudiques – cependant, il semble appréhender quelque peu la réponse.
Il fait plutôt froid, et la perspective de se voir expliquer comment la vie maritale d’un aîné peut-être aussi palpitante qu’un film de Lelouche, ne l'enchante que partiellement.
« Les femmes d’aujourd’hui, elles ont toutes des sex-toys. Et nous dans tout ça ? A quoi est-ce qu’on sert ? »
Merde !
Il est vrai que les jouets sexuels pénètrent petit à petit les mœurs de la femme du XXIème siècle. Cadeau coquin, blague d'étudiant, ou accessoire de mode, nombreuses sont celles qui en possède un. En général bien au chaud dans un placard, caché entre deux pulls. Il y a quelques années, une amie m'a offert un vibromasseur. J'ai d'abord trouvé l'intention plus que douteuse. Puis avec le temps, ce “petit” objet s'est révélé très utile.
Pour autant, faut-il tirer la sonnette d’alarme – à défaut d’autre chose ? Est-ce là la mort annoncé du phallus en tant qu’organe biologique ? Cette question, j’en suis sûr, en inquiète plus d’un. Pourtant ce serait prendre une pompe a essence pour un puis de pétrole.
Si les lapins vibrants, boules de geishas et autres godemichés à la taille imposante, sont aujourd’hui parfaitement intégrés à la garde robe de toute femme moderne, ils ne sont en fait qu’une nouvelle forme de distraction. Une sexualité alternative en quelque sorte, honteuse jusqu’alors, elle s’est depuis largement démocratisée.

Depuis la nuit des temps, les hommes se masturbent, alors pourquoi pas les femmes ? Parce que cela embêterait bien ces messieurs, ils se sentiraient parfaitement inutiles et n’auraient d’autre solution que de partir la queue entre les jambes. Dans une société phallocrate jusqu’au bout du membre, ce serait un comble. La bombe nucléaire, l’encombrement des déchets radioactifs, le réchauffement de la planète… tout le monde s’en fout. Cela ne fait plus peur qu’à quelques activistes à qui il reste encore un semblant de conscience citoyenne et écologique. Par contre, l’avènement du vibromasseur, tout le monde en tremble !
Le XXIème siècle sera celui de la femme à n’en pas douter. De la femme libérée, de ses tabous, aux mœurs un peu plus légers. Le XXIème siècle sera celui de la femme vivante, ou ne sera pas. Ce siècle : il sera mien.

Colin VETTIER

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 20-2

Une heure plus tard nous sommes tout les trois réunis. Ils parlent de leurs couples, me rassurent à demi mots. Les verres vides s’accumulent doucement sur la table.

Un groupe d’étudiants ostensiblement alcoolisés entrent dans le bar, et commandent deux mètres de vodka. Le patron, qui observait la scène, s’approche.
« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Vous n’êtes pas ici pour boire comme des trous et vomir dans une demie heure. »
Comme l’ambiance s’échauffe, nous décidons de vider les lieux. Au moment de régler, l’un des jeunes hommes du groupes saisi le bras de Christophe.
« Tiens mec, bois un verre avec moi. » Il lui tend un shooter de vodka. Christophe s’en empare amusé et jette un « à la tienne Etienne » amical. Son ami d’un soir le regarde surpris, ses yeux brillants écarquillés.
« Comment t’as deviné que je m’appelais Etienne ?
- C’est pas vrai ? » lâche Christophe incrédule. « Tu t’appelles vraiment Etienne ? »
- Ouais. Depuis que je suis né, même.
- Merde alors ! »
Ils trinquent, tout deux amusés par la situation.

L’air frais qui nous accueille à la sortie est vivifiant. J’inspire une grande bouffée et l’exhale doucement. 
« Et maintenant, où est-ce qu'on va ? 
- Le Safari non ? C'est un peu loin, mais c'est probablement le seul bar où on sera tranquiles un jeudi soir. »
Peu attirés par l'idée de nous retrouver noyés dans une houle estudiantine alcoolisée, nous acceptons la proposition avec joie.
Après quelques quinze minutes de marche à pied, nous arrivons devant le bar en question. “Lounge” annonce la devanture en grande lettres roses. En Français, cela signifie “Bar équipé de canapés fréquentés par une population ayant une conscience de la mode proche de l'omniscience”.
Le rez-de-chaussé de l'établissement convoité est plein a craquer. Nous nous dirigeons donc vers l'escalier. Là un vigile équipé d'un costume et d'un centaine de kilos de muscles nous barre le passage.
« Pas possible. Réservé. »

Mince.


Colin VETTIER

jeudi 30 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 20-1

Petite introduction : ce vingtième chapitre, qui sera coupé en 2 ou 3 parties, raconte une soirée que j'ai personnellement vécue. Certains et certaine peuvent en témoigner. Sur ce, bonne lecture.

Il est 20 heures quand XXX s’en va. Ma vessie semble sur le point d’exploser tant nous avons éclusé de thé.
Il me reste une heure environ avant que François et Christophe ne viennent me chercher. Une bonne douche, quelques traits de crayons, et je serais en état de sortir. Peut-être que je rencontrerais un bel homme ce soir. Comme il faut toujours être prêt à faire face a l’adversité, et à toute situation, j’attrape un sorti et son soutien gorge assorti. La robe noire me paraît de circonstance : son décolleté plongeant, sans être provocant s’avère généralement efficace.
Lorsque je sors de la douche, ma peau dégage une douce vapeur. Je me regarde dans le miroir. Je secoue la tête pour dégager les mèches de cheveux collées à mon visage. Est-ce que je suis si moche que je ne trouve pas de petit ami, même pas de partenaire de galipettes ? Quelques petites touches de couleurs et cela fera l’affaire pour ce soir.

21 heures, je ne suis pas encore prête que la sonnerie retenti déjà. Je manque de m’en enfoncer le crayon dans l’œil. Je vais ouvrir. Christophe entre dans l’appartement en lançant un « bonjour ! » plein d’enthousiasme.
Il s’arrête un instant dans sa lancée, me regarde de bas en haut avant de se fendre d’un immense sourire.
« Toi, ce soir tu ne veux pas rentrer seule. »
Je rougis.
« En tout cas tu es très belle comme ça. Ce serait du gâchis que tu ne trouves personne. »
Même si l’intention est louable, la phrase me met le nez plus profondément encore dans mon célibat. Si je suis jolie, gentille, pourquoi est-ce que je suis toujours célibataire ? Et pourquoi est-ce que ce sont toujours des hommes en couple qui me font ces compliments ?

Colin VETTIER

dimanche 26 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 19-2

Scène 9 : Intérieur – Chambre du Palace



J.-C. :
Silence !

Il frappe deux fois dans ses mains puis se tourne vers le chef op’ en lui faisant signe de la tête.

Chef op’ :
Ca tourne !

Le chef op’ enclenche un bouton poussoir sur la caméra et la cassette commence à se dévider.

J.-C. :
Et… Action !

Trois secondes plus tard, les acteurs entrent en mouvement.
Ron enlève sa ceinture d’un geste souple du poignet, puis baisse son pantalon, alors que Félicia s’agenouille devant lui. Le jeune homme laisse alors son sexe jaillir de son caleçon.

Félicia [interrogatrice, les yeux levé vers Ron] :
Tout ça pour moi ?

Elle prend le sexe dans sa bouche quelques instants. Elle laisse échapper la verge, provocant un « plop » mouillé.

Félicia [une lueur de malice dans le regard] :
Quel gros plaisir !

* * *

« Houlà. Tu comptes vraiment mettre ça dans un film qui est sensé être une histoire d’amour ? Je veux dire est-ce que ce n’est pas un peu trop ?
- Pourquoi donc ? L’amour c’est le sexe. Et l’utilisation d’une scène a caractère pornographique pour présenter le mal être de mon personnage me semble tout à fait à propos. Je ne serais pas le premier, ni le dernier à le faire. John Cameron Mitchell l’a fait et les critiques l’ont adoré ! Shortbus, ce n’est rien d’autre que de la pornographie grand public, avec pour toile de fond des questions existentielles sur la sexualité. »
Cette scène où Ron, en pleine orgie, ne peut détacher son regard de la jeune Emie m’a frappé. Du sexe explicite ? Pourquoi pas finalement. Le personnage principal d’XXX est tellement ambigu que cela ne ferait que renforcer son aspect marginal. Le voir crever de désir pour une personne qui assiste à ses ébats a quelque chose de superbement toxique. Une relation mort-née en laquelle l’on aimerait pourtant croire.
Tout le monde a envie de croire en l’amour. Les enfants on besoin de croire au père noël, les adultes en l’amour. C’est comme ça, c’est dans l’ordre des choses. Nous rêvons tous d’un princesse ou d’une princesse qui nous attendrait au coin d’une rue pour nous arracher à notre quotidien gluant. Pourtant, dans les faits, c’est rarement aussi simple.

Ses doigts ont attrapés un stylo, qu’ils triturent avec énergie. A quoi pense-t-il ?


Colin VETTIER
P.S. : Merci à Fanch' pour la photo.

mercredi 15 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 19-1

Nous arrivons chez moi aux environs de 15 heures.
Je remplis la bouilloire puis la pose sur son socle. Le bruissement de l'eau en l'ébullition ne se fait pas attendre. J'emporte deux tasses de thé fumantes au salon et en pose une devant XXX. Commence alors une (re)lecture du scénario.

* * *


Scène 8 : Intérieur – Chambre du Palace

J.-C. :
Bon, tout le monde est prêt à ce que je vois. On commence soft. Toi, le grand brun

Il fait un geste du pouce vers l’homme en question.

J.-C. :
– John, ouais, c'est ça – tu commence les préliminaires avec Julia. Vous faites le programme habituel, et ensuite Ron vous rejoint puis Félicia et on finit comme ça.
Des questions ?

Les acteurs se regardent les uns les autres en haussant les épaules.

J.-C. :
C'est bien ce que je pensais.

Il claque dans ses mains.

J.-C. : Allez, hop, à poil ! Tout le monde est passé au maquillage ? Bien, faites chauffer les caméras, échauffez vous, on commence dans dix minutes.

* * *


“Là tu vois, je verrais bien une série de gros plans sur la préparation en question. Une alternance entre les acteurs qui se préparent – gros plans sur des vêtements qui sont retirés, des préservatifs ouverts, des lubrifiants débouchés – et les techniciens qui apprêtent le matériel – des fils tendus, des prises branchés, des vérifications techniques. Le tout présenté de façon assez martiale. Peut-être même avec une bande originale dominée par des roulements de caisse claire. Qu'en penses-tu ?
- L'idée est sûrement très bonne, mais ce n'est pas le plus important pour l'instant. Pourquoi ne pas continuer le scénario, et voir cela plus tard ?

* * *



Colin VETTIER

mercredi 8 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 18-2

Sur le chemin du retour, quelques questions me brouillent l'esprit :
“Ça fait déjà quelques temps que je viens te chercher sur tes tournages, et je me suis habitué à voir des couples – parfois même des groupes – avoir des... mais là, je ne sais pas, j'étais comme attirée, aimantée. Je ne pouvais pas décoller mes yeux de leurs corps, comme si un instinct animal s'était emparé de moi. Tu me connais, je ne suis pas –
- Rien à voir avec un instinct animal, bien au contraire, c'est une réaction parfaitement humaine. Je dirais même civilisée. Ce n'est rien d'autre qu'un spectacle émouvant auquel tu viens d'assister. Pourquoi t'encombrer l'esprit de questions imbéciles ? Laissent les aux puritains et aux handicapés sentimentaux et sexuels. Profiter d'un spectacle qui plait n'a jamais fait de personne un criminel.
- Peut-être, mais il s'agissait de deux être humains en train de s'adonner à des plaisirs intimes.
- Non, à des plaisirs que la morale a décidée intimes. Les personnes généreuses partagent toutes les bonne choses, y compris leur sexualité.”
Il pose sa main sur mon épaule et s'adresse à moi d'une voix rassurante : “allons, t'en fait pas, si tout ceux qui apprécient ce spectacle étaient des désaxés, tout les adolescents seraient des psychopathes en puissances.” Une pause. “Tout les hommes aussi en fait.”


Colin VETTIER

P.S. : je profite de ce billet un peu plus court que la moyenne pour vous annoncer qu'il ne reste plus que cinq chapitres (dont un de taille conséquente, et un autre de 5 lignes) avant l'arrêt de l'écriture. Alors c'est le moment de faire tourner ce blog, de l'afficher partout, et de me dire combien vous avez aimé... ou pas.
P.P.S. : en ce qui concerne la photo, je la dédie à tout ces geek qui tombent par hasard sur mon blog.

dimanche 5 octobre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 18-1

Aujourd’hui je me réveille avec le sourire, et parfaitement en forme.
Samedi. Je n’ai rien de particulier à faire. Pourquoi pas le marché ? Je regarde ma montre, il est 10h. J’ai juste le temps de me préparer pour faire les quelques courses qui me permettront de faire le dîner de ce soir. Probablement vais-je aussi acheter quelques pâtisseries pour le goûter. Ensuite j’irais chercher XXX.

« Le scénario avance plutôt bien » m’a-t-il dit au téléphone. « J’ai pas mal d’inspiration en ce moment. Et mon boulot m’en fourni pas mal. Par contre, du coup, je dors beaucoup moins » achève-t-il en riant.
Depuis toutes ces années que je le connais, XXX n’a jamais vraiment aimé dormir. Le sommeil était pour lui autant de temps qu’il ne passait pas à l’une de ces multiples activités. Qu’il s’agisse de l’écriture de scénario, de la rédaction de critiques de films ou de ses activités associatives, son emploi du temps était aussi chargé que celui d’un ministre. En fait, rien n’a changé, comme les journées n’ont que 24 heures pour lui aussi, il réduit son temps de sommeil pour faire tout ce qui lui tient à cœur.
La fatigue a put avoir quelques effets secondaires sur son comportement. Tantôt d’une humeur massacrante, tantôt au bord de la dépression, cela n’a pas été facile tous les jours. Et pourtant, il a réussit à atteindre ses objectifs ; je crois.

J'arrive sur le lieu de tournage avec trente minutes de retard. Tout est presque rangé.
Presque tout les acteurs viennent de quitter les lieux, la maquilleuse est allongée nue sur le canapé, l'un des acteurs collé contre elle, porte ses jambes sur ses épaules. Se dégagent quelques gémissements, et le bruit qu’émettent les tissus froissés par leurs efforts. Je les contemples quelques instant. Cela ne semble pas les déranger.
Une main se pose sur mon épaule, et une voix moqueuse lance : “si ça te fait tant envie, on peut les accompagner. Je ne crois pas que cela les dérangerai.”
Je me retourne, sachant pertinemment quel visage apparaîtra face au mien : celui de XXX fendu d'un large sourire, fier de sa boutade, comme toujours. “On y va, ou tu veux attendre la fin du spectacle ?”
Je rougis.
“D'accord je vois. On attend encore cinq minutes alors ? Le temps que je rassemble deux trois papiers, et on y va d'accord.” Il s'adresse au couple en plein ébat sur le sofa “ça vous dérange pas si mon amie regarde quelques instants.” Seuls quelques soupir et bruits humides font écho au son de sa voix. “C'est bien ce que je pensais. Te gêne pas, Hélène, si tu veux un siège pour être plus à ton aise, il y en a là.” Il montre la cuisine de son index puis se retire pour remuer des papiers dans une pièce adjacente.


Colin VETTIER

samedi 27 septembre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 17

Je tire la couverture à mes oreilles, fatiguée de vivre cette vie.
Une dépression passagère, rien de grave. Cela nous arrive à tous, de la dépression chronique au coup de blues du dimanche soir. Il est mille raisons de se sentir seule face à l’immensité de sa tristesse. 

Je m’endors rapidement, les yeux collés par les larmes. Je m’enfonce au plus profond de mon oreiller, jusqu'à me sentir quitter mon corps.

Ron me prend dans ses bras, et me fait connaître des plaisirs fantasmatiques, atteignant des hauteurs qui m’étaient jusque là inconnues. Les draps volent autours de nous, puis l’herbe, l’air et la foudre. Nos corps se mélangent, s’éparpillent pour mieux se rassembler et n’en faire qu’un. Des vagues de chaleur et de couleur défilent devant mes yeux, chacune me procurant des sensations extrêmes, véritables tempêtes sensitives.

Je me sens flotter, je sais que tout n’est qu’illusion, que ce n’est qu’un rêve. Mais un rêve dont je me réveillerais soulagée d’un poids qui pesait sur mes épaules depuis quelques jours. Probablement aurais-je un orgasme, me faisant goûter des lèvres ce qui paraît me manquer le plus ces derniers jours. Peut-être cela apaisera-t-il mon esprit pour quelques jours.

Quelle magnifique soupape de sécurité que ces rêves et fantasmes que l’inconscient nous livre en pâture. J’en suis encore toute émue.


Colin VETTIER

jeudi 18 septembre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 16

Je ne suis pas sûr d’où je suis arrivée à présent. Dans ma vie j’entends. Toute mon existence n’a été qu’une vague course au bonheur.
Je l’ai trouvé, ça oui – par morceaux, tout petits éclats de rire, poussières de sourire, et fragments de bien-être – mais jamais là où je l’attendais. Il n’a jamais été fidèle aux rendez-vous que je lui fixais, ne débarquant jamais qu’à l’improviste.
Et me voilà, là, à doucement prendre goût à scénariser un film. Pas n’importe lequel : une histoire d’amour sur fond de pornographie. Plutôt intéressant ce que la vie peut nous offrir comme surprises, non ?

A travailler, jour après jour sur ce scénario, j’y ai trouvé une certaine poésie. Et probablement dois-je l’apprivoiser, cette pornographie qui me déplaisait autant auparavant. Je la caresse de l’esprit, et je me plonge dans les méandres du corps humain, dans ce qu’il représente de plus pur, de plus proche de la nature. Je vois des corps qui n’en forme plus qu’un, l’union parfaite entre deux êtres imparfaits.
Regarder la vie et le plaisir s’entrelacer avec adresse sur un écran ne me semble plus d’une vulgarité déconcertante.

Colin VETTIER

samedi 13 septembre 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 15

Il est deux heures du matin quand je pars de chez XXX.
J’enfonce mes clés de voiture et allume le moteur. Mon crâne repose sur l’appui-tête ; je regarde dans le vide pendant quelques instants puis j’insère un CD de Mp3 dans le mange-disque de l’auto radio. Je sélectionne Mes Aïeux et fais défiler le curseur jusqu’au titre « Dégénération ».

«  […]

Ton arrière-arrière-grand-mère elle a eu quatorze enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pi ta grand-mère en a eu trois c'était suffisant
Et pi ta mère en voulait pas, toi t'était juste un accident

Et pi toé ma petite fille tu change de partenaire tout le temps
Quand tu fait des conneries tu t'en sauve en avortant
Mais y'a des matins tu te réveille en pleurant
Quand tu rêves la nuit d'une grande table entourée d'enfants

[…] »

Je me laisse porter par le groupe Québécois pendant toute la durée de la plage. Je me sens bien, un brin mélancolique peut-être. Je ne rejette pas ce sentiment, la mélancolie est belle. A la fois triste et heureuse, alliage hasardeux s’il en est.

Je dessers le frein à main, allume les phares et enclenche une vitesse.
Sur la route nationale, seuls mes phares éclairent les bandes blanches qui défilent devant moi.
Je pleure. Je ne sais pas pourquoi, cela me fait du bien et c’est tout ce qui compte. Comme les larmes commencent à embuer mon champ de vision, je m’arrête sur le bas côté. Je replie mes bras sur le volant, et pose ma tête au centre. A peine ma tête a-t-elle touché le plastique froid, que j’éclate en sanglots.


Colin VETTIER

NdA : veuillez m'excuser pour l'absence de chapitre durant ces dernières semaines. J'avais les mains pleines de mon mémoire. Mais la publication reprend avec ce chapitre (loin d'être le meilleur de tous). C'est bientôt fini, j'ai presque plus rien sous la main concernant la circonférence de l'amour (cinq ou six chapitres je pense). Mais je ne fermerais pas le blog, je continuerais à y poster des petites choses. Je vous quitte en vidéo-musique : VIDEO CLIP MES AIEUX

lundi 18 août 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 14-2

Scène 5 : Intérieur – Appartement de Ron


Ron se réveille en sursaut. Assis au beau milieu de son lit, les draps rejetés sur le côté il est essoufflé et couvert de sueur. Pendant quelques instants il regarde dans le vide.
Puis il se lève, interdit, et se dirige vers la salle de bain.
Il en ressort douché et habillé – un pull jeté sur un jean délavé –, opérationnel pour une longue journée de labeur.
Il passe la porte et la claque derrière lui.

Scène 6 : Intérieur – Voiture de Ron


Il démarre, pousse un soupir puis enclenche la première vitesse.
Devant ses yeux défile le paysage –gris – de la ville. Des maisons, toutes les mêmes, des carrefours identiques, des quidam qui se ressemble tous.

Ron :
[voix Off]
Comment faire la différence entre tous ? Comment se différencier, échapper à la routine écrasante qui chaque jour nous use un peu plus ? Suis-je différent ? Non évidement, ni mieux, ni pire. Moi aussi je me débat vainement pour tente de survivre, si possible le plus longtemps et le moins douloureusement possible.

Il s’arrête devant un hôtel de luxe. Celui où se déroulera le tournage du jour.
Il tire sur le frein à main, et descend de la voiture.
Alors qu’il claque la portière, il sort son portable.

Ron :
Allô J.-C. ?

Une pause.

Ron :
Chambre 15 ? D’accord ; je suis devant l’hôtel.

Ron se dirige vers le palace, et en pousse la porte.

Scène 7 : Intérieur – Chambre du Palace


Tout le monde est déjà en place. Les caméra et l’éclairage sont installés. Le preneur de son tient sa perche d’une main, un café de l’autre. Deux actrices nues, conversent, assises sur le lit surdimensionné. Sur le seuil de la salle de bain, trois acteurs s’échangent leurs anecdotes de tournage, se vante de leurs performances et conquêtes diverses. A l’autre bout de la chambre, une jeune fille, habillée.

Ron :
(voix Off)
Ah, tient, une petite nouvelle. Sûrement la technicienne dont me parlait J.-C.. Plutôt mignonne – assez pour être devant et non derrière la caméra – et rousse, ce qui est suffisamment rare pour être remarqué.

Ron se dirige vers un grand homme aux cheveux grisonnant.

Ron :
Salut J.-C. ?

Il lui tend sa main à serrer.

Ron :
Ca va ?

J.-C. :
Plutôt bien et toi ? J’espère que t’es en forme et que t’arrivera à l’avoir bien dure toute la journée, car on a du travail.

Ron :
Ouais, t’inquiète pas. Toi tu réalise derrière ta caméra, et moi je m’occupe de la monter. Dis moi elle est plutôt mignonne la petite nouvelle que t’as engagée.

J.-C. :
Tu m’étonnes. Elle s’appelle Emie. C’est une québécoise. Quand je l’ai vu débarquer dans mon bureau j’ai cru qu’elle venait pour le casting. En fait elle est assistante réalisatrice. Viens je vais faire les présentations.

Il regarde Ron en souriant, comme pour lui signifier quelque chose, puis se dirige vers la belle rouquine.


Colin VETTIER

vendredi 8 août 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 14-1

Je regarde ma montre. Déjà 20h30. J’avais rendez-vous avec XXX à 20h. Il attendra. De toutes façons ce n’est pas la première fois. Cela lui laissera le temps de ranger son appartement, et peut-être même de faire à manger.
XXX n'est pas une mauvais cuisinier ; au contraire. Bien que ses plats soient souvent un peu gras, ils se révèlent souvent très flatteurs pour le palais. Et puis, ce n’est sûrement pas moi qui irais me plaindre de n’avoir qu’à glisser les pieds sous la table.

Lorsqu’à 21h je me présente à sa porte, l’endroit embaume d’un doux fumet.
« Ah, c’est toi ? » me lance-t-il alors qu’il m’ouvre la porte. « Je ne t’attendais plus. »
Son visage se fend d’un sourire. Je rougis. Il m’assoit puis part chercher la casserole laissée sur le feu à mijoter. Depuis la cuisine, il me demande comment s’est passée ma journée.
« Une journée typique juridiquement parlant. J’ai passé la journée à rédiger un dossier. Les demandeurs sont venus me trouver pour détailler leur plainte. Plus j’en apprends, moins j’ai envie d’en savoir. Ceci dit, je ne me plains pas, je gagne suffisamment bien ma vie comme cela. »
Il rapporte un pot-au-feu qui m’a l’air des plus délicieux. Je le regarde droit dans les yeux en souriant et en papillonnant légèrement. Cela le trouble.
«  J’en ai marre du célibat. J’ai vraiment très envie de faire l’amour. »

Il en lâche quasiment la casserole de surprise. Il me regarde, la bouche béante pendant quelques secondes. Ne sachant sur quel pied danser, il choisit d’aborder la chose avec humour.
« Tu veux que je te fasse jouer une scène demain ? On tourne justement un gang bang avec trois jeunes filles et deux hommes, et il nous manque une actrice rousse.
et pourquoi pas une scène de sodomie tant que tu y es.
- Ah, ça c’est sûr, tu n’y coupera pas. Si tu n’acceptes pas les pratiques anales, ton rôle, tu peux t’asseoir dessus. 
- Très drôle ! »

Voilà comment XXX ne se mouille jamais. Il désamorce toutes les situations équivoques avec humour, de peur d’avoir mal interprété les perches qui lui sont tendues. Au lieu de se jeter sur une opportunité, il attend que l’opportunité se jette sur lui. Tant pis, pour lui, comme pour moi.

Mon assiette à moitié consommée devant moi, je reprends la conversation là où elle s’était arrêté avant cette petite déviation.
« Bon, et toi ta journée alors ?
- La scène de groupe qui était programmée aujourd’hui s’est révélée bien moins impressionnante que prévue. Le cadre semblait encore un peu vide, alors on a fait intervenir le perchiste, l’assistant réalisateur et la maquilleuse. C’était leur baptême du feu, alors il a fallu les encourager longuement. A la fin de la journée on a sabré le champagne, car leurs performances se sont révélées très honnêtes. Finalement, le résultat est assez impressionnant, il y a presque 6 heures de bande. Je te montrerais la vidéo si tu veux.
- Non, sans façon, merci. En revanche j’aimerais assez voir où tu en es dans ton scénario. Tu as avancé ?
- Oui. Je vais le chercher, j’en ai pour quelques secondes. »

Il se lève de table, et se dirige vers sa chambre. Lorsqu’il revient il pose un nouveau script devant moi. Le papier est couvert d’annotations en tout genre.



Colin VETTIER

jeudi 24 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 13

Comme chaque jour le réveil est difficile. L’appel de XXX au milieu de la nuit n’arrange en rien les choses. Un peu désorientée, et encore toute frémissante des rêves érotiques qui ont peuplés ma nuit, je repousse les draps. Il est temps d'agir ! Cette abstinence contrainte ne peut plus durer.

Mon meilleur ami travaille dans l’industrie du sexe, et moi je ne suis même pas fichue de tirer un coup ! Peut-être que je devrais essayer les sites de rencontre par Internet finalement. « Gratuits pour les femmes » clame la publicité ; une collègue m’a affirmé que c’était idéal pour les rencontres d’une nuit.
Pourquoi pas ?

Une douche froide me remet les idées en place. Un café achève de les stabiliser.

Il est temps à présent de me rendre sur mon lieu de travail. Aujourd’hui je dois m’occuper d’un dossier complexe, et éprouvant puisqu’il concerne des malades séropositifs. Les victimes et leurs familles souhaitent faire un recours en négligence grave contre l’Etat. Le Tribunal Administratif a rejeté la plainte, forçant l’affaire à être porté devant la cour administrative d’appel.
De nouvelles pièces ont été versées au dossier, la balance semble à présent pencher de notre côté.


Colin VETTIER

jeudi 17 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 12

Mince qui peut bien appeler à cette heure ?! Le temps que mon esprit émerge de son état léthargique, et un nom m’apparaît à l’esprit, comme une évidence : XXX.
J’attrape le combiné tant bien que mal. Plutôt mal que bien puisque l’appareil s’échappe de mes doigt engourdis. Le petit rigolo roule sous le lit. Je tends la main. Enfin je l’ai !
Il ne sonne plus. Le répondeur prend le relais. Quand la voix informatisée finit de déblatérer son laïus, celle de XXX, se fait entendre. Il est euphorique.
« Hélène je viens d’avoir un idée géniale ! »
J’enfonce ma tête dans l’oreiller, et me couvre les yeux des deux mains.

Bienvenue dans le monde des adultes irresponsables (mais accomplis).


Colin VETTIER

jeudi 10 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 11

Je rentre chez moi éreintée, et pour une fois, les murs restent sagement perpendiculaires au plafond, et le sol ne se dérobe pas sous mes pieds. Mon appartement me paraît froid et vide. Cela fait longtemps que je n’y ai introduit personne. Quand j'étais encore étudiante, ma vie sexuelle était trépidante. Pas toujours satisfaisante, ni très saine d’un point de vue psychologique, mais très divertissante. Je ne peux pas vraiment en dire autant de ma sexualité de femme cadre supérieure.
Je gagne de l’argent, mais je n’ai plus le temps de le dépenser. J’ai des envies dévorantes sans possibilité de les assouvir. La frustration est mon nouveau style de vie.

Bienvenue dans le monde des adultes responsables.


Colin VETTIER

jeudi 3 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 10-2

Scène 4 : Extérieur – Champ de coquelicots fleuris

Ron, en habits d’été, court dans un champ de coquelicots. Il semble heureux, épanouit. Il est rejoint peu après, par une belle femme. Ses lèvres d'un rouge carmin, laissent éclater un sourire radieux. Une robe, de couleur claire, flotte autour de son corps. Ses cheveux roux ondulent de part et d'autre de son visage sublime.
Les deux jeunes gens se tiennent à présent par la main. Ils se regardent.
Une lueur passe dans leurs yeux. Serait-ce de l’…

* * *


« Tu vois, là, ce rêve, c’est peut-être un peu excessif » lui dis-je en me mordant la lèvre inférieure pour ne pas exploser de rire. S’il est capable d'imaginer le porno le plus outrageant, il est aussi capable des pires clichés romantiques.
« Ah ! » lance-t-il après quelques instants de silence. « Tu voulais de la romance, sans vulgarité, en voilà. Mais d’un point de vu tout à fait personnel je dois t’avouer que mes rêves – »
Je le coupe au beau milieu de sa phrase, peu encline à découvrir à quoi peut bien rêver un pornographe.
« Peut-être qu’il serait plus judicieux d’oublier la scène 4 tu ne crois pas ? Elle patauge dans les poncifs du genre, et je ne suis pas sûre que ce soit bénéfique au reste de l’histoire.
Certes, mais c’est tellement en contraste avec l’univers dans lequel il vit que cela engendre un… » il hésite. « Ah, mince, comment c’est déjà ? 
- Un paradoxe ?
- C’est cela, oui. En quelque sorte ; c’est sa quête du graal, il veut passer du statut de simple mortel à celui d’éternel. Le problème c’est qu’il ne sait pas à quoi ressemble le graal, ni comment l’atteindre. De ce fait, la scène reste dans le script. Elle est trop importante pour passer à la trappe. »
Bon. C’est toi le scénariste. » Je clos ainsi le débat, n’étant pas d’humeur à lutter.

* * *


Scène 5 : Intérieur – Appartement de Ron

Ron se réveille en sursaut. Assis au beau milieu de son lit, les draps rejetés sur le côté, il est essoufflé et couvert de sueur. Pendant quelques instants il regarde dans le vide.


Colin VETTIER

mercredi 25 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 10-1

XXX et moi, assis sur son canapé. XXX n’est pas à proprement parler sur le divan, mais plutôt adossé en contrebas ; les deux jambes repliées sous lui. Son pyjama laisse entrevoir son tatouage.
Il est très attaché à ce dessin sous sa peau. Je crois que l'artiste tatoueur, était un ami à qui il aurait rendu visite exprès à Baltimore. Le graphisme est très réussit, même si le motif choisi aurait pu être de meilleur goût. De toutes façon je ne suis pas adepte du tatouage. L'aspect irréversible me rebute.

Je suis assise en tailleur, bien calée au fond du canapé. Je baisse la tête vers le script :
« Bon, on reprend à la scène 2 »

* * *


Scène 2 : Intérieur – Douche

Ron, nu, le corps luisant de transpiration se dirige vers la douche. Préoccupé il n’entend pas le bruit de l’eau qui coule, signalant la présence de quelqu’un. Il ouvre le rideau de douche et réalise alors qu’un jeune couple occupe la cabine. Les deux jeunes amants se donnent mutuellement du plaisir, s’embrassent langoureusement. De leurs gestes se dégage une incroyable douceur.
Ron baisse les yeux alors qu’il referme le rideau. Il soupire.

Ron [voix off] :
C’est ça l’amour ? De l’attention, de la tendresse et des sourires ? Et moi dans ça ?

Après quelques instants passés à réfléchir, il s’éloigne en traînant des pieds, alors que ; de derrière lui, montent les gémissements.


Scène 3 : Intérieur – Appartement de Ron

L’appartement de Ron est tout ce qu’il y a de plus banal. Les lieux n'ont rien d’un temple dédié aux excès sexuels. Rien dans son environnement ne trahit son activité professionnelle. Autour de la télé traînent des DVDs de comédies romantiques. Sur le sol, quelques romans à l’eau de rose ont été négligemment posés.
Un poster de l’affiche du film Bridget Jones orne l’un des murs de la pièce principale. Quelques objets de décorations ont été disposés ça et là, sans vraiment d’égard pour l’esthétique.

Il dispose quelques glaçons dans un verre trapu. Un de ceux dans lesquels les détectives privés des films sur la prohibition, boivent leur Whisky. Ron y verse justement un liquide ambré et emporte son verre au salon.

Télévision :
Ce soir, dans « vis ma vie », mon petit ami est acteur porno. François et Nathalie forment un couple en apparence ordinaire. Il s’aiment, se disputent, se réconcilient… Mais François joue dans des films X. Ce soir nous découvrirons –

Ron éteint la télévision, excédé. Il écluse le contenu de son verre, et part se coucher. Il enfile un vieux pyjama, déformé par les innombrables lavages, puis se glisse sous les draps.



Colin VETTIER

jeudi 19 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 9

La sonnerie hargneuse de mon réveil me tire de mon sommeil. Son Bip-Bip insistant lui vaut un violent coup de poing. Le même que chaque matin depuis que j’ai à me réveiller pour remplir un devoir.
Comme chaque matin je maudis le sadique doublé d’un pervers qui a inventé cet engin diabolique. Je pose les deux pieds à terre. Ma mâchoire se ressert soudainement sous le coup de la douleur. Je suis prise d’une violente nausée. J’ai encore trop bu hier soir et mon corps me le fait savoir. Je me relève avec difficulté et me traîne laborieusement jusqu'à la salle de bain. En chemin je constate que les vêtements que je portais hier soir sont éparpillés dans l’appartement.
Le visage que me renvoie le miroir m’arrache un soupir. Des cernes, des cheveux en bataille et des yeux mi-clos. Il va vraiment falloir que je songe à ralentir la boisson. Des vapeurs d’alcool me remontent soudainement à la tête. L’effet est tellement violent qu’il me faut m’asseoir sur la cuvette des toilettes pour ne pas m’écrouler.

Il est 8 heures, je suis en retard !

Sur le trajet je tente de me remémorer ma soirée. La lecture et la relecture du script avec XXX pour l’aider à faire une histoire « d’amour » ne serait-ce que probable. Au bout de la 4ème lecture les champs lexicaux reflétant diverses pratiques sexuelles étaient parfaitement ancrés dans mon esprit. A la 5ème lecture toute référence un tant soit peu érotique provoquait en moi d’incontrôlables tensions et me chauffait le bas ventre. Les mots comme « levrette » ou « sodomie », finirent par danser une sarabande infernale dans ma tête, piétinant ce qu’il me restait de cellules grises.
Nous avons donc fini par sortir dans un bar. Le premier que nous avons trouvé. Un espèce de troquet miteux qui servait quantité de bières éventés et de Whiskeys bon marché.
N’ayant personne sous la main pour évacuer mes tensions sexuelles, deux options s’offraient a moi. Boire pour compenser ou ruiner une amitié pour une partie de jambes en l’air. Si la première solution s’attaque au foi, la seconde porte un coup à la morale. Résultat, je choisis de nourrir la haine que je porte à mon foi.
Ce matin, nauséeuse, les tempes vrillées et soulagée de 60 €, je regrette mon choix.

Et j’ai encore envie de sexe.


Colin VETTIER

jeudi 12 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 8

J’ai toujours détesté la pornographie. Ces corps nu, suants, qui s’entrechoquent comme des objets, sans sentiments. Sans pudeur, ni gêne ; comme le feraient des animaux en cage, observés par les visiteurs pervers d’un zoo quelconque.
Le summum de la vulgarité, la quintessence de la perversion. Une perversion nécessaire cependant, qui, j’aime le croire peut permettre à quelques pervers d’assouvir de basses pulsions seuls ; faces à eux même. Si le X peut épargner les déviances sexuelles des uns, à d’autres non consentants, alors il aura été d’utilité publique.

Pourtant, je ne suis pas prude. J’aime le sexe. Je l’ai même pratiqué dans divers endroits, certains moins avouables que d’autres. Tout en me limitant tout de même à un amant à la fois. Pas prude, mais pas dévergondé pour autant !

En réalité l’aspect voyeuriste du genre me dérange. Observer une jeune femme se faire dompter par un ou plusieurs partenaires, ne me parait ni beau ni excitant - humiliant, tout au plus. Pour autant, je ne pense pas que la pornographie devrait être bannie.

Colin VETTIER

vendredi 6 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 7

Le café ne fume plus. A présent ce n'est plus qu’un liquide tiède à peine buvable. Les yeux de XXX ne m’ont pas quitté un instant. Tout au long des 35 minutes qu’il m’a fallu pour déchiffrer son script, ils guettaient la moindre de mes expressions ; le moindre mouvement qui pourrait trahir mes pensées. J'achève ma lecture et relève les yeux vers lui.
Il sourit. Il se détend, tente d’ingurgiter une gorgée de café mais repose sa tasse en grimaçant.
« Verdict ? » me lance-t-il en fronçant l’un de ses sourcils.
« - Et bien… il y a dix-sept fois le mot « enculer » décliné de diverses façons…
- Tu n’as pas aimé. » Il baisse son regard et commence à tripoter l’anse de sa tasse. « Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Qu’est-ce qui ne t’as pas plu ? » Me demande-t-il en mordant sa lèvre inférieure.
« Je te l’ai dit, c’est trop vulgaire. » Il sursaute. Son regarde me transperce, et une note d’agressivité transpire dans sa voix.
« Alors, si moi j’écris enculer, c’est vulgaire, si c’est Beigbeder c’est de la littérature ? C’est ça ?! Parce que je ne passe pas à la télé, et que je ne suis pas une célébrité, je dois bannir certains mots de mon vocabulaire. » Plus calmement, « ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour que je doit me plier aux diktats du genre. Au contraire, je veux éclater les frontières et les tabous. Limiter l’art au nom du politiquement correct, c’est pas mon genre. »
Son regard tombe machinalement dans mon décolleté. Il en prend conscience et relève brusquement les yeux, comme s’il s’était brûlé à la flamme de mon corps. « Et si l’un des membres de cette élite bien pensante décide que le film est trop choquant pour être diffusé, très bien ! Il s’agira du premier film porno avec une histoire d’amour. Ou de la première comédie romantique pornographique. Au choix. »

XXX en pleine possession de ses moyens. Passionné, mais un peu têtu.

Je le regarde droit dans les yeux en papillonnant légèrement. D’une voix douce, je mets fin à son brusque emportement. Je sais comment l’amadouer, et le résultat ne se fait pas attendre.
« On reprend le concept, et on garde la première scène ? »

Il me regarde avec tendresse, reprend possession de son script et sort son stylo plume de sa pochette.


Colin VETTIER

mardi 3 juin 2008

Reprise des publications

Ca y est ! Les "vacances" sont finies. Et bien finies ! J'ai d'ailleurs appris en appelant mon agence immobilière, qu'il était normale que parfois l'eau qui coule des robinets de mon appart' ne soit pas potable. "Quand ça arrive, 'faut faire couler l'eau, jusqu'à ce qu'elle retrouve sa couleur et son odeur normale." Depuis mon retour je ne bois plus que du cola.
A moins que je n'attrape le choléra, de nouveaux chapitres de La Circonférence de l'Amour seront publié de façon hebdomadaire.

Rendez-vous jeudi, donc, pour le chapitre 7.

Sur ce, bonne soirée !


Colin VETTIER

mardi 20 mai 2008

Bilan et petite pause

Bonjour à tous et à toutes,

Lorsque je vous ai annoncé que j'arrêtais l'écriture de la circonférence vous - mes amis - avez été nombreux à me demander pourquoi. Est-ce que j'étais sûr de le vouloir ? Pourquoi ne pas continuer pour voir ?
A vrai dire ces 6 premiers chapitres publiés n'ont pas eut le résultat escompté. Finalement peu de commentaires, et peu de visiteurs fidèles.
Alors à ceux qui continue régulièrement de venir chercher un nouveau chapitre à La Circonférence de l'Amour, je dis merci.
Merci pour vous compliments, vos rares critiques et vos encouragements.
Cependant, à l'heure actuelle, je n'ai toujours pas trouvé l'intérêt de reprendre l'écriture. Peut-être que j'attendais trop de cette publication en ligne. Plus de commentaires par exemple, plus de visites...
Quoiqu'il en soit, il reste encore quelques 14 chapitres pour prolonger l'histoire, et 4 autres qui n'ont pas eu le temps d'y être intégré !

Je profites de ce billet, pour vous prévenir que la semaine prochaine, pas de nouveau chapitre. Forcément, je serais en vacances. Et celles là, je les mérites !

Colin VETTIER

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 6

Le café ne fume plus. A présent il ne s’agit plus que d’un liquide tiède à peine buvable. Ses yeux ne m’ont pas quitté un instant. Tout au long des 35 minutes qu’il m’a fallu pour déchiffrer son script, XXX guettait la moindre de mes expressions ; le moindre mouvement qui pourrait trahir mes pensées. J'achève ma lecture et relève les yeux vers lui.
Il sourit. Il se détend, tente d’ingurgiter une gorgée de café mais repose sa tasse en grimaçant.
« Verdict ? » me lance-t-il en fronçant l’un de ses sourcils.
« - Et bien… il y a dix-sept fois le mot « enculer » décliné de diverses façons…
Tu n’as pas aimé. » Il baisse son regard et commence à tripoter l’anse de sa tasse. « Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Qu’est-ce qui ne t’as pas plu ? » Me demande-t-il en mordant sa lèvre inférieure.
« Je te l’ai dit, c’est trop vulgaire. » Il sursaute. Son regarde me transperce, et une note d’agressivité transpire dans sa voix.
« Alors, si moi j’écris enculer, c’est vulgaire, si c’est Beigbeder c’est de la littérature ? C’est ça ?! Parce que je ne passe pas à la télé, et que je ne suis pas une célébrité, je dois bannir certains mots de mon vocabulaire. » Plus calmement, « ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour que je doit me plier aux diktats du genre. Au contraire, j’entends bien éclater les frontières et les tabous. Limiter l’art au nom du politiquement correct, c’est pas mon genre. »
Son regard tombe machinalement dans mon décolleté. Il en prend conscience et relève brusquement les yeux, comme s’il s’était brûlé à la flamme de mon corps. « Et si l’un des membres de cette élite bien pensante décide que le film est trop choquant pour être diffusé, très bien ! Il s’agira du premier film porno avec une histoire d’amour. Ou de la première comédie romantique pornographique. Au choix. »

XXX en pleine possession de ses moyens. Passionné, mais un peu têtu.

Je le regarde droit dans les yeux en papillonnant légèrement. D’une voix douce, je mets fin à son brusque emportement. Je sais comment l’amadouer, et le résulta ne se fait pas attendre.
« On reprend le concept, et on garde la première scène ? »

Il me regarde avec tendresse, reprend possession de son script et sort son stylo plume de sa pochette.


Colin VETTIER

jeudi 15 mai 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 5

Je tiens dans mes mains un script incomplet d’environ 8 pages.
« Tu as travaillé dur, dis moi. On dirait presque que ça t’inspire d’écrire une histoire d’amour.
Ça me travaillait depuis un bout de temps. C’est probablement un peu confus. J’ai tenté de coucher toutes mes idées, du coup le résultat est légèrement apocalyptique. »

Alors que je commence à lire, il me regarde de ses yeux bleus à demi clos.

* * *


Scène 1 - intérieur

Ron et Jess sont sur un plateau de tournage. Tout le monde est nu ; même l'équipe technique, en signe d’encouragement pour les acteurs. La tension est palpable. C’est la fin d’une journée de tournage d’un film X et il reste encore une scène à réaliser. Les deux acteurs sont à même le sol, face à un grand canapé recouvert d’une housse verdâtre. Jess est à quatre pattes devant Ron. L’homme se tient à genoux, agrippé aux hanches de sa partenaire.

Le réalisateur : Bon, allez ! On se concentre, et cette fois-ci c’est la bonne.

[il fait signe en direction du caméraman]

Le technicien : Ca tourne !

Le réalisateur : Action !

Ron entreprend de pénétrer Jess. Quelques instants plus tard, leurs deux sexes s'emboîtent. Puis la jeune actrice gémit de plaisir. De plus en plus fort.

Jess [voix off] : J’espère que cette fois il va pas débander en plein milieu de la scène. Ca commence à me brûler, moi ! Et tout ce lubrifiant. Beuârk, ça me dégouline entre les jambes, et puis c’est tout gluant. J’ai l’impression d’être une vraie ruche. Je ne m’y ferais jamais.

Ron [voix Off] : Pff, j’vois même pas son visage. Qu’est-ce que c’est ennuyant. Et tout ce lubrifiant j’ai jamais senti quelque chose d’aussi peu excitant. Ah, merde ! J’ai glissé. Bien. On respire. Ce n’est pas grave.

Jess [voix off] : Aïe, il a glissé, il pourrait être un peu plus attentionné quand même ! Qu’est-ce que je raconte, moi ? C’est qu’un acteur de mauvais films porno. La seule chose qu’il sait faire, c’est se servir de son engin comme d’un marteau piqueur.

Ron [voix off] : Inspire… expire… inspire…

Les traits de visage de Ron se contractent. Son mouvement de va et vient s’accélère alors que les gémissements des deux acteurs vont crescendo, de plus en plus forcés. Les muscles se tendent violemment.

Ron [voix off] : Ca y est, je viens…

Le corps de l’acteur est secoué de soubresauts. Ses doigts s’enfoncent dans les hanches de la jeune actrice, trop concentré à simuler un orgasme pour sentir quoique ce soit.

Ron [voix off] : C’est ça l’amour ?


Scène 2 : Intérieur – Douche


Un des acteurs tente d’enculer la jeune perchiste. Celle-ci ne se laisse pas longtemps prier…


Colin VETTIER

mercredi 7 mai 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 4

Une grande blonde à la poitrine incroyablement généreuse se précipite hors de l’appartement où avait lieu le tournage de Joies Anales V. A sa démarche l’actrice semble avoir passé une journée difficile. Probablement une fellation qui s’est éternisée ou une scène un peu plus sportive que prévue.

J’en profite pour pénétrer dans l’appartement. Une forte odeur de sexe règne dans la pièce principale. Un mélange enivrant de secrétions diverses, de lubrifiant (probablement à la fraise) et de latex. Quelques membres de l’équipe sont encore en train de ranger le matériel de tournage. Un acteur est en train de se sécher les cheveux, dans un coin. Son corps trop musclé brille à la lueur des néons, donnant un relief surnaturel à sa musculature.
Du fond de la pièce une voix s'élève : « demain tout le monde se tient prêt pour la scène à 5!! »
Une pause.
« Ah, et J.B., prévois de tourner au moins 6 heures de film » il hésite, « sur deux caméras. On n'aura pas droit à une seconde prise. Tout au moins, pas si on veut que les acteurs survivent jusqu'à la fin du tournage. Alors autant avoir le plus de rushes possible. »
J.B. est l'assistant caméra. Le stéréotype du pornocrate, mais sorti d'une autre époque. Une chemise à carreaux ouverte sur une poitrine velue, un tatouage érotique sur l'avant bras,et... oui, une épaisse moustache.
Je détourne mon regard pour me diriger vers la voix, tout en tentant de ne pas mettre le pied dans l'immense carton de préservatifs qui me bloque le passage.

Tiens ils en font aussi des fluorescents ?

XXX est assis à la table de la cuisine, une tasse à la main. Devant lui un amas de feuilles couvertes de son écriture. Bien qu'elles soient sous ses yeux, il ne les regarde pas. Son regard est perdu dans le vague, à la recherche d'une pensée dissipée.

Sans même lever la tête, il me gratifie d'un « salut jolie rousse. » Je lui souris et je me détends. Quand il relève son regard vers moi, il paraît repousser quelque idée que je semble lui inspirer.
« Salut XXX. » Il me sourit, « toujours aussi ravissante Hélène. »


Colin VETTIER

vendredi 2 mai 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 3

L’amour ? Cette chose étrange qui cause des éruptions hormonales lors de la puberté chez les être humains. C’est aussi cet état psychologique qui pousse à faire des choses insensées. C’est ainsi que l’homme à découvert que la vache produisait un liquide blanc tout à fait comestible, qui sera appelé “lait”. Ce sentiment a aussi conduit à la découverte du clitoris.

Est-ce un langage universel ? Peut-on aimer et ne pas se comprendre ?

L’amour concept aussi difficile à décrire qu'à vivre. D’où Baudelaire, les poèmes, les romans, les films, les chansons, Leonardo et son paquebot… C’est en son nom que l’on embrasse langoureusement une belle inconnue, un soir à la lumière d’une ville saturée de vie. Toujours pour lui, on tue et meurt de jalousie.

Et le sexe, le cul, la bagatelle ? Est-ce réellement le ciment du couple comme le lieu commun le laisse entendre ? Une petite montée d’adrénaline dans un jardin public ? Ou n’est-ce qu’un moyen de se divertir ? Une industrie ?

“Silence!”
“On Tourne.”
“Eeeet… action!”


Colin VETTIER

jeudi 24 avril 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 2

Je connais XXX depuis une dizaine d’année. Suffisamment pour ne plus être choquée par ses extravagances.
XXX est plutôt grand, mais parait sensiblement plus petit parce qu’il se tient voûté. “J’ai grandi trop vite” lance-t-il, un sourire en guise d’excuse lorsqu’on le questionne sur le sujet. D’apparence banale, il cache de véritables trésors de talents qu’il répugne à dévoiler. Un masque d’humour vaseux au parfum d’auto dérision cache sa timidité tant bien que mal. Réaction typique de la personne qui tente de se protéger du monde extérieur, me semble-t-il.

Assez de psychologie, pour cerner le personnage il faut avoir un aperçu du chemin parcouru. Il reflète ainsi sa personnalité à merveille.

Après une adolescence difficile (mais n’est-elle pas difficile pour tous?) il rejoint la faculté. Sans conviction aucune, il choisit une matière parmi tant d’autres : le Droit. Loin de lui l’idée de porter la robe et de plaider devant des parterres d’experts en tout genre. Je pense – je sais – qu’il s’est orienté par dépit, ou tout au moins par manque d’idée. Peu inspiré par les possibilités qui s’offraient à lui, il a choisit la branche qui lui semblait la plus généraliste.

C’est là que je l’ai rencontré, à l’Université. Lors d’une séance de travaux dirigés, d’anglais si ma mémoire est bonne, XXX m’a timidement approché. Quelque chose dans son expression trahissait son intérêt.
Il était - et est toujours – plus jeune que moi d’un an.
Son expérience avec les filles s’était jusque là limité à des échanges de mots et lettres enflammées. Pourtant, le cercle d’amis de XXX était quasi exclusivement composé de jeunes filles, “mon harem” disait-il fièrement.

C’est aussi cette année là qu’il a rencontré son premier amour. En novembre aussi bien que je me souvienne. Je n’aimais pas beaucoup sa petite amie, parfois prétentieuse, souvent suffisante et surtout retranchée dans ses positions. Cependant la petite flamme qui s’allumait dans ses yeux lorsqu’il parlait d’elle me forçait au silence.
Puis ses études l’ont conduit à l’étranger où un nouveau monde s’est ouvert a lui. Bien plus coloré que celui sur lequel il avait bâti sa routine. Peut-être cela l’a-t-il aidé à ouvrir les yeux. Quoiqu’il en soit XXX a finit par se résigner à se séparer de sa petite amie. Je crois que je n’y suis pas complètement pour rien.

Ce que vous devez aussi savoir à propos de XXX c’est qu’il est de ceux qui tombent amoureux à tous les coins de rue. Rien à voir avec ces playboys de supermarché qui défient la gravité de leurs cheveux gominés et de leur arrogance olympienne. Pourtant ne pensez pas qu’il s’agisse là d’une qualité ; cela le rend immensément triste de temps à autres. A 26 ans il est toujours capable de ces chagrins d’amour dont seule l’adolescence à le secret.

Il me dit que cela l’aide à créer.

Peut-être.

Mais je suis sûre d’une chose, ce n’est pas les scénarios de ses films X qu’il écrit les yeux humides.


Colin VETTIER

mardi 22 avril 2008

La Circonférence de l'Amour - chapitre 1

“Ecrire une histoire d’amour ? Pourquoi pas… Jusqu’à maintenant je n’ai écrit que des scénarios pour des films pornos ! Ce n’est pas trop compliqué à écrire, il suffit de penser à quelque chose d’excitant. Tiens, regarde la nana qui s’éloigne là”, il fait un geste de la main vers une jeune fille qui s’éloigne. Il me regarde droit en souriant “elle a un joli cul. Il suffit de l’imaginer nue et en proie à une nymphomanie galopante qui la pousserait à arracher ses vêtements devant tout… devant tout être un tant soit peu viril.
Ca me parait peut probable
Le public s’en fout. Il paye pour voir des chattes, des bites et des nichons, pas pour s’interroger sur les explications psychologiques qui pousseraient une jeune fille de 25 ans à se dénuder aussi facilement. Comme on s’en fout, on ne le filme pas” Il s’arrête un instant pour boire une gorgée de son café, “Et puis tu sais les acteurs pornos, ce ne sont pas vraiment des acteurs, plutôt des athlètes. On ne peut pas leur demander de bander dix heures par jour et en plus de jouer la comédie. Ca demande de la concentration de maintenir une érection, beaucoup de concentration… »

Il laisse planer ses mots, comme pour en évaluer l’impact. Pas de doute, il s’attend à quelque chose.

Rien ne se passe.

Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise. Ce n’est pas plus confortable, les lattes de bois me compressent la colonne vertébrale. Je reviens à ma position initiale, les deux coudes sur la table, légèrement voûtée. Je me décide à rompre le silence:
« Tu sais, arrive un moment où il faut se renouveler. Tu ne peux pas faire du cul toute ta vie.
Pourquoi pas ? Tu sais il y aura toujours des clients pour ce genre de produits. Des centaines de millions même, prêts à acheter n’importe quoi, du moment que ça les excite.
Tu n’aimerais pas essayer de les exciter différemment ? Je pense honnêtement que tu devrais songer à cette histoire d’amour. Tu as des talents d’écriture, de l’imagination… »

Mon ami pornocrate semble plongé dans ses pensées. Il sourit. C’est bon signe, il a reçu le message et doit être en train de passer en revue diverses idées.

« Une histoire d’amour, ça me semble vraiment intéressant. C’est un peu l’autre côté du miroir pour moi. L’exact opposé du porno, pourtant si proche.”

Connaissant mon ami, je lui propose mon aide. De simples relectures du synopsis qu’il m’apportera, tout simplement pour garder un œil sur son évolution. Ainsi que par curiosité – c’est probablement ma plus grande faiblesse.
Il accepte mon aide avec joie, me dit qu’il a déjà sa petite idée sur la chose. Demain, un script d’une page sur mon bureau. Dans le porno, il est indispensable de réfléchir très vite. Quand les blancs retombent, il est souvent impossible de les faire remonter en neige.


Colin VETTIER

La Circonférence de l'Amour - abandon

Bonjour à toutes et à tous,
Très chère lectrice, estimé lecteur, bienvenu sur le Blog de La Circonférence de l'Amour.


Dans les prochaine semaine, je publierais de manière hebdomadaire, un chapitre de mon manuscrit La Circonférence de l'Amour. Pourquoi ? Parce qu'un autre auteur a eu exactement la même idée. Son livre étant construit comme je voulais que le mien le soit, j'abandonne le projet d'écriture, au bout d'une vingtaine de chapitres, et autant de pages.

Cet ouvrage, que j'aurais aimé être un livre, je l'ai commencé au cours de l'été 2006. A New York ; probablement inspiré par l'effervescence de la ville, et la gentillesse des gens que j'y ai côtoyé.
Je profite de l'opportunité pour inclure la dédicace qui précède inlassablement tout roman.

A Nina, Lisa et Charlotte.
A Hélène pour l’inspiration involontaire.
A Laure pour la pâte à tartiner goût noisette.
A Adélaïde pour m’avoir ouvert les yeux sur mes obsessions.
A Claire, meilleur voisine et alter ego à distance.

Cette courte rubrique incluait alors une dernière dédicace. Pourtant je ne sais pas si elle est encore d'actualité.

A la femme de ma vie que je n’ai pas encore rencontré.

Les publications débuteront dès la fin de semaine prochaine sur mon blog PANIK ATTAK.


Colin VETTIER