mercredi 25 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 10-1

XXX et moi, assis sur son canapé. XXX n’est pas à proprement parler sur le divan, mais plutôt adossé en contrebas ; les deux jambes repliées sous lui. Son pyjama laisse entrevoir son tatouage.
Il est très attaché à ce dessin sous sa peau. Je crois que l'artiste tatoueur, était un ami à qui il aurait rendu visite exprès à Baltimore. Le graphisme est très réussit, même si le motif choisi aurait pu être de meilleur goût. De toutes façon je ne suis pas adepte du tatouage. L'aspect irréversible me rebute.

Je suis assise en tailleur, bien calée au fond du canapé. Je baisse la tête vers le script :
« Bon, on reprend à la scène 2 »

* * *


Scène 2 : Intérieur – Douche

Ron, nu, le corps luisant de transpiration se dirige vers la douche. Préoccupé il n’entend pas le bruit de l’eau qui coule, signalant la présence de quelqu’un. Il ouvre le rideau de douche et réalise alors qu’un jeune couple occupe la cabine. Les deux jeunes amants se donnent mutuellement du plaisir, s’embrassent langoureusement. De leurs gestes se dégage une incroyable douceur.
Ron baisse les yeux alors qu’il referme le rideau. Il soupire.

Ron [voix off] :
C’est ça l’amour ? De l’attention, de la tendresse et des sourires ? Et moi dans ça ?

Après quelques instants passés à réfléchir, il s’éloigne en traînant des pieds, alors que ; de derrière lui, montent les gémissements.


Scène 3 : Intérieur – Appartement de Ron

L’appartement de Ron est tout ce qu’il y a de plus banal. Les lieux n'ont rien d’un temple dédié aux excès sexuels. Rien dans son environnement ne trahit son activité professionnelle. Autour de la télé traînent des DVDs de comédies romantiques. Sur le sol, quelques romans à l’eau de rose ont été négligemment posés.
Un poster de l’affiche du film Bridget Jones orne l’un des murs de la pièce principale. Quelques objets de décorations ont été disposés ça et là, sans vraiment d’égard pour l’esthétique.

Il dispose quelques glaçons dans un verre trapu. Un de ceux dans lesquels les détectives privés des films sur la prohibition, boivent leur Whisky. Ron y verse justement un liquide ambré et emporte son verre au salon.

Télévision :
Ce soir, dans « vis ma vie », mon petit ami est acteur porno. François et Nathalie forment un couple en apparence ordinaire. Il s’aiment, se disputent, se réconcilient… Mais François joue dans des films X. Ce soir nous découvrirons –

Ron éteint la télévision, excédé. Il écluse le contenu de son verre, et part se coucher. Il enfile un vieux pyjama, déformé par les innombrables lavages, puis se glisse sous les draps.



Colin VETTIER

jeudi 19 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 9

La sonnerie hargneuse de mon réveil me tire de mon sommeil. Son Bip-Bip insistant lui vaut un violent coup de poing. Le même que chaque matin depuis que j’ai à me réveiller pour remplir un devoir.
Comme chaque matin je maudis le sadique doublé d’un pervers qui a inventé cet engin diabolique. Je pose les deux pieds à terre. Ma mâchoire se ressert soudainement sous le coup de la douleur. Je suis prise d’une violente nausée. J’ai encore trop bu hier soir et mon corps me le fait savoir. Je me relève avec difficulté et me traîne laborieusement jusqu'à la salle de bain. En chemin je constate que les vêtements que je portais hier soir sont éparpillés dans l’appartement.
Le visage que me renvoie le miroir m’arrache un soupir. Des cernes, des cheveux en bataille et des yeux mi-clos. Il va vraiment falloir que je songe à ralentir la boisson. Des vapeurs d’alcool me remontent soudainement à la tête. L’effet est tellement violent qu’il me faut m’asseoir sur la cuvette des toilettes pour ne pas m’écrouler.

Il est 8 heures, je suis en retard !

Sur le trajet je tente de me remémorer ma soirée. La lecture et la relecture du script avec XXX pour l’aider à faire une histoire « d’amour » ne serait-ce que probable. Au bout de la 4ème lecture les champs lexicaux reflétant diverses pratiques sexuelles étaient parfaitement ancrés dans mon esprit. A la 5ème lecture toute référence un tant soit peu érotique provoquait en moi d’incontrôlables tensions et me chauffait le bas ventre. Les mots comme « levrette » ou « sodomie », finirent par danser une sarabande infernale dans ma tête, piétinant ce qu’il me restait de cellules grises.
Nous avons donc fini par sortir dans un bar. Le premier que nous avons trouvé. Un espèce de troquet miteux qui servait quantité de bières éventés et de Whiskeys bon marché.
N’ayant personne sous la main pour évacuer mes tensions sexuelles, deux options s’offraient a moi. Boire pour compenser ou ruiner une amitié pour une partie de jambes en l’air. Si la première solution s’attaque au foi, la seconde porte un coup à la morale. Résultat, je choisis de nourrir la haine que je porte à mon foi.
Ce matin, nauséeuse, les tempes vrillées et soulagée de 60 €, je regrette mon choix.

Et j’ai encore envie de sexe.


Colin VETTIER

jeudi 12 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 8

J’ai toujours détesté la pornographie. Ces corps nu, suants, qui s’entrechoquent comme des objets, sans sentiments. Sans pudeur, ni gêne ; comme le feraient des animaux en cage, observés par les visiteurs pervers d’un zoo quelconque.
Le summum de la vulgarité, la quintessence de la perversion. Une perversion nécessaire cependant, qui, j’aime le croire peut permettre à quelques pervers d’assouvir de basses pulsions seuls ; faces à eux même. Si le X peut épargner les déviances sexuelles des uns, à d’autres non consentants, alors il aura été d’utilité publique.

Pourtant, je ne suis pas prude. J’aime le sexe. Je l’ai même pratiqué dans divers endroits, certains moins avouables que d’autres. Tout en me limitant tout de même à un amant à la fois. Pas prude, mais pas dévergondé pour autant !

En réalité l’aspect voyeuriste du genre me dérange. Observer une jeune femme se faire dompter par un ou plusieurs partenaires, ne me parait ni beau ni excitant - humiliant, tout au plus. Pour autant, je ne pense pas que la pornographie devrait être bannie.

Colin VETTIER

vendredi 6 juin 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 7

Le café ne fume plus. A présent ce n'est plus qu’un liquide tiède à peine buvable. Les yeux de XXX ne m’ont pas quitté un instant. Tout au long des 35 minutes qu’il m’a fallu pour déchiffrer son script, ils guettaient la moindre de mes expressions ; le moindre mouvement qui pourrait trahir mes pensées. J'achève ma lecture et relève les yeux vers lui.
Il sourit. Il se détend, tente d’ingurgiter une gorgée de café mais repose sa tasse en grimaçant.
« Verdict ? » me lance-t-il en fronçant l’un de ses sourcils.
« - Et bien… il y a dix-sept fois le mot « enculer » décliné de diverses façons…
- Tu n’as pas aimé. » Il baisse son regard et commence à tripoter l’anse de sa tasse. « Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Qu’est-ce qui ne t’as pas plu ? » Me demande-t-il en mordant sa lèvre inférieure.
« Je te l’ai dit, c’est trop vulgaire. » Il sursaute. Son regarde me transperce, et une note d’agressivité transpire dans sa voix.
« Alors, si moi j’écris enculer, c’est vulgaire, si c’est Beigbeder c’est de la littérature ? C’est ça ?! Parce que je ne passe pas à la télé, et que je ne suis pas une célébrité, je dois bannir certains mots de mon vocabulaire. » Plus calmement, « ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une histoire d’amour que je doit me plier aux diktats du genre. Au contraire, je veux éclater les frontières et les tabous. Limiter l’art au nom du politiquement correct, c’est pas mon genre. »
Son regard tombe machinalement dans mon décolleté. Il en prend conscience et relève brusquement les yeux, comme s’il s’était brûlé à la flamme de mon corps. « Et si l’un des membres de cette élite bien pensante décide que le film est trop choquant pour être diffusé, très bien ! Il s’agira du premier film porno avec une histoire d’amour. Ou de la première comédie romantique pornographique. Au choix. »

XXX en pleine possession de ses moyens. Passionné, mais un peu têtu.

Je le regarde droit dans les yeux en papillonnant légèrement. D’une voix douce, je mets fin à son brusque emportement. Je sais comment l’amadouer, et le résultat ne se fait pas attendre.
« On reprend le concept, et on garde la première scène ? »

Il me regarde avec tendresse, reprend possession de son script et sort son stylo plume de sa pochette.


Colin VETTIER

mardi 3 juin 2008

Reprise des publications

Ca y est ! Les "vacances" sont finies. Et bien finies ! J'ai d'ailleurs appris en appelant mon agence immobilière, qu'il était normale que parfois l'eau qui coule des robinets de mon appart' ne soit pas potable. "Quand ça arrive, 'faut faire couler l'eau, jusqu'à ce qu'elle retrouve sa couleur et son odeur normale." Depuis mon retour je ne bois plus que du cola.
A moins que je n'attrape le choléra, de nouveaux chapitres de La Circonférence de l'Amour seront publié de façon hebdomadaire.

Rendez-vous jeudi, donc, pour le chapitre 7.

Sur ce, bonne soirée !


Colin VETTIER