jeudi 24 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 13

Comme chaque jour le réveil est difficile. L’appel de XXX au milieu de la nuit n’arrange en rien les choses. Un peu désorientée, et encore toute frémissante des rêves érotiques qui ont peuplés ma nuit, je repousse les draps. Il est temps d'agir ! Cette abstinence contrainte ne peut plus durer.

Mon meilleur ami travaille dans l’industrie du sexe, et moi je ne suis même pas fichue de tirer un coup ! Peut-être que je devrais essayer les sites de rencontre par Internet finalement. « Gratuits pour les femmes » clame la publicité ; une collègue m’a affirmé que c’était idéal pour les rencontres d’une nuit.
Pourquoi pas ?

Une douche froide me remet les idées en place. Un café achève de les stabiliser.

Il est temps à présent de me rendre sur mon lieu de travail. Aujourd’hui je dois m’occuper d’un dossier complexe, et éprouvant puisqu’il concerne des malades séropositifs. Les victimes et leurs familles souhaitent faire un recours en négligence grave contre l’Etat. Le Tribunal Administratif a rejeté la plainte, forçant l’affaire à être porté devant la cour administrative d’appel.
De nouvelles pièces ont été versées au dossier, la balance semble à présent pencher de notre côté.


Colin VETTIER

jeudi 17 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 12

Mince qui peut bien appeler à cette heure ?! Le temps que mon esprit émerge de son état léthargique, et un nom m’apparaît à l’esprit, comme une évidence : XXX.
J’attrape le combiné tant bien que mal. Plutôt mal que bien puisque l’appareil s’échappe de mes doigt engourdis. Le petit rigolo roule sous le lit. Je tends la main. Enfin je l’ai !
Il ne sonne plus. Le répondeur prend le relais. Quand la voix informatisée finit de déblatérer son laïus, celle de XXX, se fait entendre. Il est euphorique.
« Hélène je viens d’avoir un idée géniale ! »
J’enfonce ma tête dans l’oreiller, et me couvre les yeux des deux mains.

Bienvenue dans le monde des adultes irresponsables (mais accomplis).


Colin VETTIER

jeudi 10 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 11

Je rentre chez moi éreintée, et pour une fois, les murs restent sagement perpendiculaires au plafond, et le sol ne se dérobe pas sous mes pieds. Mon appartement me paraît froid et vide. Cela fait longtemps que je n’y ai introduit personne. Quand j'étais encore étudiante, ma vie sexuelle était trépidante. Pas toujours satisfaisante, ni très saine d’un point de vue psychologique, mais très divertissante. Je ne peux pas vraiment en dire autant de ma sexualité de femme cadre supérieure.
Je gagne de l’argent, mais je n’ai plus le temps de le dépenser. J’ai des envies dévorantes sans possibilité de les assouvir. La frustration est mon nouveau style de vie.

Bienvenue dans le monde des adultes responsables.


Colin VETTIER

jeudi 3 juillet 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 10-2

Scène 4 : Extérieur – Champ de coquelicots fleuris

Ron, en habits d’été, court dans un champ de coquelicots. Il semble heureux, épanouit. Il est rejoint peu après, par une belle femme. Ses lèvres d'un rouge carmin, laissent éclater un sourire radieux. Une robe, de couleur claire, flotte autour de son corps. Ses cheveux roux ondulent de part et d'autre de son visage sublime.
Les deux jeunes gens se tiennent à présent par la main. Ils se regardent.
Une lueur passe dans leurs yeux. Serait-ce de l’…

* * *


« Tu vois, là, ce rêve, c’est peut-être un peu excessif » lui dis-je en me mordant la lèvre inférieure pour ne pas exploser de rire. S’il est capable d'imaginer le porno le plus outrageant, il est aussi capable des pires clichés romantiques.
« Ah ! » lance-t-il après quelques instants de silence. « Tu voulais de la romance, sans vulgarité, en voilà. Mais d’un point de vu tout à fait personnel je dois t’avouer que mes rêves – »
Je le coupe au beau milieu de sa phrase, peu encline à découvrir à quoi peut bien rêver un pornographe.
« Peut-être qu’il serait plus judicieux d’oublier la scène 4 tu ne crois pas ? Elle patauge dans les poncifs du genre, et je ne suis pas sûre que ce soit bénéfique au reste de l’histoire.
Certes, mais c’est tellement en contraste avec l’univers dans lequel il vit que cela engendre un… » il hésite. « Ah, mince, comment c’est déjà ? 
- Un paradoxe ?
- C’est cela, oui. En quelque sorte ; c’est sa quête du graal, il veut passer du statut de simple mortel à celui d’éternel. Le problème c’est qu’il ne sait pas à quoi ressemble le graal, ni comment l’atteindre. De ce fait, la scène reste dans le script. Elle est trop importante pour passer à la trappe. »
Bon. C’est toi le scénariste. » Je clos ainsi le débat, n’étant pas d’humeur à lutter.

* * *


Scène 5 : Intérieur – Appartement de Ron

Ron se réveille en sursaut. Assis au beau milieu de son lit, les draps rejetés sur le côté, il est essoufflé et couvert de sueur. Pendant quelques instants il regarde dans le vide.


Colin VETTIER