Ron se réveille en sursaut. Assis au beau milieu de son lit, les draps rejetés sur le côté il est essoufflé et couvert de sueur. Pendant quelques instants il regarde dans le vide.
Puis il se lève, interdit, et se dirige vers la salle de bain.
Il en ressort douché et habillé – un pull jeté sur un jean délavé –, opérationnel pour une longue journée de labeur.
Il passe la porte et la claque derrière lui.
Il démarre, pousse un soupir puis enclenche la première vitesse.
Devant ses yeux défile le paysage –gris – de la ville. Des maisons, toutes les mêmes, des carrefours identiques, des quidam qui se ressemble tous.
Ron :
[voix Off]
Comment faire la différence entre tous ? Comment se différencier, échapper à la routine écrasante qui chaque jour nous use un peu plus ? Suis-je différent ? Non évidement, ni mieux, ni pire. Moi aussi je me débat vainement pour tente de survivre, si possible le plus longtemps et le moins douloureusement possible.
Il s’arrête devant un hôtel de luxe. Celui où se déroulera le tournage du jour.
Il tire sur le frein à main, et descend de la voiture.
Alors qu’il claque la portière, il sort son portable.
Ron :
Allô J.-C. ?
Une pause.
Ron :
Chambre 15 ? D’accord ; je suis devant l’hôtel.
Ron se dirige vers le palace, et en pousse la porte.
Tout le monde est déjà en place. Les caméra et l’éclairage sont installés. Le preneur de son tient sa perche d’une main, un café de l’autre. Deux actrices nues, conversent, assises sur le lit surdimensionné. Sur le seuil de la salle de bain, trois acteurs s’échangent leurs anecdotes de tournage, se vante de leurs performances et conquêtes diverses. A l’autre bout de la chambre, une jeune fille, habillée.
Ron :
(voix Off)
Ah, tient, une petite nouvelle. Sûrement la technicienne dont me parlait J.-C.. Plutôt mignonne – assez pour être devant et non derrière la caméra – et rousse, ce qui est suffisamment rare pour être remarqué.
Ron se dirige vers un grand homme aux cheveux grisonnant.
Ron :
Salut J.-C. ?
Il lui tend sa main à serrer.
Ron :
Ca va ?
J.-C. :
Plutôt bien et toi ? J’espère que t’es en forme et que t’arrivera à l’avoir bien dure toute la journée, car on a du travail.
Ron :
Ouais, t’inquiète pas. Toi tu réalise derrière ta caméra, et moi je m’occupe de la monter. Dis moi elle est plutôt mignonne la petite nouvelle que t’as engagée.
J.-C. :
Tu m’étonnes. Elle s’appelle Emie. C’est une québécoise. Quand je l’ai vu débarquer dans mon bureau j’ai cru qu’elle venait pour le casting. En fait elle est assistante réalisatrice. Viens je vais faire les présentations.
Il regarde Ron en souriant, comme pour lui signifier quelque chose, puis se dirige vers la belle rouquine.
Colin VETTIER