vendredi 8 août 2008

La Circonférence de l'Amour - Chapitre 14-1

Je regarde ma montre. Déjà 20h30. J’avais rendez-vous avec XXX à 20h. Il attendra. De toutes façons ce n’est pas la première fois. Cela lui laissera le temps de ranger son appartement, et peut-être même de faire à manger.
XXX n'est pas une mauvais cuisinier ; au contraire. Bien que ses plats soient souvent un peu gras, ils se révèlent souvent très flatteurs pour le palais. Et puis, ce n’est sûrement pas moi qui irais me plaindre de n’avoir qu’à glisser les pieds sous la table.

Lorsqu’à 21h je me présente à sa porte, l’endroit embaume d’un doux fumet.
« Ah, c’est toi ? » me lance-t-il alors qu’il m’ouvre la porte. « Je ne t’attendais plus. »
Son visage se fend d’un sourire. Je rougis. Il m’assoit puis part chercher la casserole laissée sur le feu à mijoter. Depuis la cuisine, il me demande comment s’est passée ma journée.
« Une journée typique juridiquement parlant. J’ai passé la journée à rédiger un dossier. Les demandeurs sont venus me trouver pour détailler leur plainte. Plus j’en apprends, moins j’ai envie d’en savoir. Ceci dit, je ne me plains pas, je gagne suffisamment bien ma vie comme cela. »
Il rapporte un pot-au-feu qui m’a l’air des plus délicieux. Je le regarde droit dans les yeux en souriant et en papillonnant légèrement. Cela le trouble.
«  J’en ai marre du célibat. J’ai vraiment très envie de faire l’amour. »

Il en lâche quasiment la casserole de surprise. Il me regarde, la bouche béante pendant quelques secondes. Ne sachant sur quel pied danser, il choisit d’aborder la chose avec humour.
« Tu veux que je te fasse jouer une scène demain ? On tourne justement un gang bang avec trois jeunes filles et deux hommes, et il nous manque une actrice rousse.
et pourquoi pas une scène de sodomie tant que tu y es.
- Ah, ça c’est sûr, tu n’y coupera pas. Si tu n’acceptes pas les pratiques anales, ton rôle, tu peux t’asseoir dessus. 
- Très drôle ! »

Voilà comment XXX ne se mouille jamais. Il désamorce toutes les situations équivoques avec humour, de peur d’avoir mal interprété les perches qui lui sont tendues. Au lieu de se jeter sur une opportunité, il attend que l’opportunité se jette sur lui. Tant pis, pour lui, comme pour moi.

Mon assiette à moitié consommée devant moi, je reprends la conversation là où elle s’était arrêté avant cette petite déviation.
« Bon, et toi ta journée alors ?
- La scène de groupe qui était programmée aujourd’hui s’est révélée bien moins impressionnante que prévue. Le cadre semblait encore un peu vide, alors on a fait intervenir le perchiste, l’assistant réalisateur et la maquilleuse. C’était leur baptême du feu, alors il a fallu les encourager longuement. A la fin de la journée on a sabré le champagne, car leurs performances se sont révélées très honnêtes. Finalement, le résultat est assez impressionnant, il y a presque 6 heures de bande. Je te montrerais la vidéo si tu veux.
- Non, sans façon, merci. En revanche j’aimerais assez voir où tu en es dans ton scénario. Tu as avancé ?
- Oui. Je vais le chercher, j’en ai pour quelques secondes. »

Il se lève de table, et se dirige vers sa chambre. Lorsqu’il revient il pose un nouveau script devant moi. Le papier est couvert d’annotations en tout genre.



Colin VETTIER

1 commentaire:

Joëlle Bettex a dit…

Je continue de te lire avec intérêt !